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> Cinq cartes postales de l’été 2015

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Chiraz, un cadeau d’anniversaire
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Je suis arrivée hier soir à Chiraz et, tard le soir, dans un jardin public où je fumais tranquillement une petite clope, j’ai été abordée par un beau jeune homme au type un peu asiatique qui avait envie de pratiquer son anglais. Peu après, plusieurs de ses copains sont arrivés. Nous nous sommes tous assis sur le gazon très soigné de ce jardin qui fait face au plus grand monument de la ville, Arg-e Karim Khan. Il faisait assez sombre dans ce coin. J’ai partagé mes clopes et des petits carrés de chocolat que je venais d’acheter. Je leur ai dit que c’était mon anniversaire et que c’était tout de même un peu dommage de ne pas pouvoir l’arroser. Au bout d’une demi-heure et de quelques coups de fil, un autre garçon est venu livrer dans une grande bouteille en plastique d’1,5 litres une vodka de contrebande. Pour une dizaine d’euros.

Après quoi, on s’est séparés bons amis mais il m’a fallu rentrer à l’hôtel pour goûter le breuvage. Très alcoolisé et buvable avec quelques glaçons. Sans conséquences désagréables ce matin. Me voici avec une réserve dépassant mes capacités personnelles d’absorption ! Les jeunes gens - qui travaillent dans le marketting sur internet - sont tous des Afghans. Ils sont arrivés ici tout enfants avec leurs parents qui fuyaient la guerre mais il leur est impossible d’acquérir la nationalité iranienne par naturalisation (ça n’existe pas). Et le retour en Afghanistan n’est pas envisageable pour des raisons de sécurité. En tant qu’étrangers, il leur est interdit d’avoir une carte Sim, un permis de conduire, une mobylette, une voiture, une maison à leur nom, etc. Ils circulent donc à vélo (sur les trottoirs, comme tous les autres cyclistes et la plupart des motards.) Leurs enfants - nés de père Afghan - seront à leur tour, irrévocablement étrangers. Seul avantage, ils sont dispensés du service militaire pour le régime des mollahs.

On a encore abordé pas mal de sujets avec Ali Reza, le beau jeune homme au type asiatique, celui qui parlait le mieux l’anglais. Il a un frère aîné qui a obtenu le statut de réfugié politique en Allemagne et il est allé lui rendre visite pendant trois mois mais la vie en Europe ne lui a pas plu. Il ne parlait pas la langue, se tenait enfermé presque toute la journée, et c’est ici qu’il a ses copains et désormais une compagne (actuellement enceinte de 7 mois) qu’il a réussi à épouser en faisant beaucoup d’économies (il travaille depuis l’âge de 8 ans) et grâce à l’aide financière de son père. Il fallait cela pour se procurer les indispensables bijoux et le frigo.

Un des copains d’Ali Reza m’a demandé si ça me gênait vraiment d’avoir la tête couverte d’un foulard (à vrai dire très léger et quasi transparent). Je leur ai expliqué. Ils ont essayé de comprendre avec gentillesse mais beaucoup d’étonnement.
Bref, c’était ma première rencontre, intéressante à plus d’un titre et mon cadeau d’anniversaire.



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