Anne BRUNSWIC

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A nos amies, novembre 2023.

À nos amies

Le nihilisme suicidaire menace de nous submerger.

À nos amies argentines dont le peuple vient de se vouer au culte de la tronçonneuse ; à nos amies palestiniennes qui implorent une justice qui ne viendra pas ; à nos amies israéliennes à qui leurs dirigeants préparent un avenir de terreur ; à nos amies ukrainiennes dont le présent est cruel et l’avenir plombé de nuages ; à nos amies russes bâillonnées ; à nos amies d’Iran et d’ailleurs qui affrontent à mains nues l’obscurantisme armé ; à toutes nos amies qui résistent à l’hubris de puissants vautrés dans le business ; à celles qui combattent les passions tristes de leurs concitoyens abreuvés de mensonges ; aux humains qui continuent de croire que chacun a droit à une vie digne et aux humains qui parfois désespèrent du genre humain – en ce moment il y a de quoi – je dédie trois photos extraites de vieilles archives.

Salle d’attente d’un petit centre de protection de la mère et de l’enfant. Une madone au sourire modeste accueille son nouveau-né parmi les vivants en lui offrant son seul trésor : le lait de la tendresse humaine. Une mère au sourire éclatant présente fièrement ses triplés multicolores, triomphe de la vie. Devant la porte d’une école pour déficients mentaux où elles attendant la sortie de la classe, trois femmes d’âge mûr chahutent comme des collégiennes.

Je n’ai jamais volé de portrait. Ces trois photos, je les ai prises en même temps que les intéressées me les donnaient. C’était il y a tout juste vingt ans au cœur du camp de réfugiés d’Al-Amari en Cisjordanie, Palestine occupée.

Où qu’elles soient aujourd’hui, qu’elles soient remerciées.

Camp de réfugiés de Al Amari, Cisjoranie, 2003.
Centre maternel et infantile, camp de réfugiés Al Amari, Cisjordanie, 2003.

The Crown Letter,novembre 2023.